Financement d'un film

- date 22.05.2025
Pourquoi le financement d’un film est-il important ?
Le financement d’un film est crucial car de lui dépend l’existence, la qualité et la viabilité commerciale d’une œuvre cinématographique. Sans soutien financier, un scénario (même le meilleur) reste à l’état de projet. Aucune œuvre ne peut voir le jour et rencontrer son public. En effet, financer un film sert principalement à :
Produire le film
La création d’un film mobilise de nombreux moyens humains, techniques et logistiques, souvent très coûteux (de quelques milliers à plusieurs millions d’euros). Le financement va donc permettre de couvrir :
- Les salaires (réalisateur, acteurs, techniciens, scénaristes, monteurs, etc.)
- Le matériel (caméras, lumières, son, décors, costumes…)
- Les lieux de tournage (location de studios, autorisations, transports…)
- La postproduction (montage, effets visuels, étalonnage, mixage sonore…)
- Les frais juridiques et administratifs (droits d’auteur, contrats, assurances, etc.)
Garantir la qualité artistique
Disposer d’un budget solide permet de :
- Choisir des talents confirmés (acteur de renom, chef opérateur expérimenté…)
- Tourner dans des lieux particuliers (parfois lointains) ou réaliser des effets techniques qui enrichissent l’univers du film
- Allouer un temps de tournage suffisant, évitant ainsi la précipitation. Plus le tournage dure, plus les frais de production augmentent.
Assurer la distribution du film
Aussi bon soit-il, un film sans budget de promotion risque de passer inaperçu. Ainsi, le financement du cinéma ne sert pas seulement à produire, mais aussi à diffuser le film et lui assurer une bonne visibilité à travers :
- La promotion (affiches, bande-annonces, services d’attachés de presse)
- La distribution en salles, en festivals ou sur des plateformes
- La traduction et les sous-titrages pour une diffusion à l’international
- Les campagnes marketing
Attirer des partenaires
Le financement représente également un levier stratégique pour tout un écosystème lié à l’industrie cinématographique. S’appuyer sur un budget suffisant dès le départ participe à :
- Convaincre d’autres investisseurs (chaînes, plateformes, coproducteurs)
- Obtenir des subventions publiques ou aides du CNC, des régions, de fonds européens…
- Intéresser des distributeurs ou des vendeurs internationaux
Contribuer à la rentabilité et à la pérennité du film
Un film s’inscrit à la fois comme un produit culturel et économique. Sans un financement structuré, une production, aussi excellente soit-elle d’un point de vue artistique, peut s’avérer un échec économique. Le financement va servir à :
- Minimiser les risques financiers pour les producteurs
- Prévoir un retour sur investissement (recettes salles, VOD, ventes étrangères)
- Soutenir la production future : un film rentable facilite les projets suivants
Les différentes sources de financement d’un film
Le financement public
On entend par financement public d’un film, l’ensemble des aides financières accordées par des institutions publiques (État, régions, collectivités, Europe, etc.) pour soutenir la création, la production, la diffusion ou la conservation d’œuvres cinématographiques. Le financement public via par exemple le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), les aides des collectivités locales, des instituts culturels, des télévisions publiques, etc. joue donc un rôle essentiel, notamment dans des pays comme la France où la politique culturelle valorise la diversité artistique et l’indépendance des auteurs.
Le financement participatif
Le financement participatif d’un film (ou crowdfunding) est un mode de financement alternatif, dans lequel un ou plusieurs porteurs de projet (réalisateur, producteur, scénariste…) s’adressent directement au public via une plateforme en ligne pour collecter de l’argent et ainsi financer tout ou partie d’un film. Parmi les plateformes les plus utilisées il faut citer KissKissBankBank, Ulule, Proarti, Touscoprod ou Kickstarter.
Les investisseurs privés
Les investisseurs privés dans un film sont des personnes physiques ou morales (entreprises, fonds, mécènes, etc.) qui mettent de l’argent dans la production d’un film en échange d’un retour sur investissement financier (ou d’image).
Les aides publiques ne suffisant pas toujours, le recours aux investisseurs privés permettent notamment de :
- Compléter un plan de financement
- Accélérer la production
- Rendre un projet plus attractif pour d’autres partenaires
- Soutenir des projets hors normes ou audacieux
Qui sont ces investisseurs privés ?
Il s’agit la plupart du temps :
- De producteurs délégués ou associés
- D’entreprises via le le mécénat, le sponsoring, le placement de produit…
- De fonds d’investissement spécialisés comme SOFICA (Sociétés pour le Financement de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle)
- De fonds privés audiovisuels
Le financement bancaire et les prêts
Ce mode de financement prend la forme d’un prêt auprès d’une banque ou d’un organisme financier spécialisé, afin de couvrir tout ou partie du budget de production. Il est généralement adossé à des garanties (comme des contrats déjà signés) et intervient en complément des autres sources (CNC, SOFICA, investisseurs privés, etc.).
Les apports personnels et familiaux
L’apport personnel ou familial pour financer un film, est le fait d’utiliser ses propres ressources financières ou celles de proches (amis, famille, entourage) pour lancer ou soutenir la production d’un projet cinématographique. Par ce geste concret, un réalisateur ou producteur montre son engagement envers son film.
Ce type d’apport permet notamment de :
- Démarrer le projet sans attendre (écriture, teaser, repérages…)
- Convaincre d’autres financeurs : le fait d’investir soi-même inspire confiance.
- Pallier l’absence d’aides publiques ou le soutien de producteurs.
- Rester libre artistiquement.
Comment obtenir un financement pour la production d’un film ?
Obtenir un financement pour la production d’un film résulte souvent d’un mélange de stratégie, de réseau, de créativité et de persévérance.
Préparer un dossier solide de présentation du projet
Avant de chercher des financements, il est indispensable de constituer un dossier professionnel qui inclut :
- Le synopsis et le scénario
- La note d’intention du réalisateur
- La présentation du producteur
- Le budget prévisionnel détaillé
- Le plan de financement
- Le calendrier de production
- Le teaser
Monter un plan de financement en multipliant les sources
Celui-ci doit combiner plusieurs sources, par exemple :
- 30% subventions (CNC, région, etc.)
- 30% chaînes TV (préachats ou coproduction)
- 20% fonds internationaux ou partenaires privés
- 10% crowdfunding
- 10% autofinancement
Trouver ou convaincre un producteur
Si vous possédez votre propre société de production, vous pouvez déposer vous-même le dossier. À défaut, vous devrez chercher un producteur délégué pour vous accompagner dans la recherche de financements car certaines aides ne sont accessibles qu’à travers une société de production.
Quelques astuces pour maximiser vos chances de financer votre film
- Avoir un producteur attaché au projet crédibilise la démarche.
- Participer à des marchés du film (Cannes, Clermont-Ferrand, FIPA, etc.).
- Postuler à des résidences d’écriture ou des incubateurs de cinéma. Il s’agit de programmes d’accompagnement destiné aux auteurs (scénaristes, réalisateurs, écrivains) et porteurs de projets cinématographiques et audiovisuels pour leur permettre de développer et structurer un projet, souvent avec un suivi professionnel.
- Penser à la coproduction internationale si le sujet s’y prête.
Les erreurs à éviter dans la recherche de financement
Que vous soyez scénariste, réalisateur ou producteur, des erreurs sont à éviter lorsque l’on cherche à financer un film. Ces erreurs peuvent freiner, voire compromettre la viabilité d’un projet, même artistiquement fort :
Présenter un dossier incomplet ou mal « ficelé »
Un scénario non finalisé, un montage financier flou, une note d’intention vague sont de nature à compromettre le financement du film. La note d’intention est un document clé dans un dossier de présentation de film. Elle permet au réalisateur (ou parfois au scénariste ou producteur) d’expliquer la vision personnelle du projet : pourquoi ce film doit exister, quelle est l’intention artistique, émotionnelle ou politique derrière l’histoire.
Conseil : Soignez chaque document (scénario, budget, note d’intention, plan de financement, bio des auteurs…).
Mal évaluer le budget
Mal calibrer le budget pour un film (le sous-évaluer ou le surestimer) donnera l’impression que vous ne maîtrisez pas les réalités de la production.
Conseil : Sollicitez l’aide d’un directeur de production ou d’un producteur expérimenté pour construire un budget réaliste.
Ne pas s’attacher les services d’un producteur
Bon nombre d’aides (comme le CNC ou les chaînes) exige un portage par une société de production. Contacter des organismes d’aides publiques sans producteur compromet vos chances d’obtenir un financement.
Conseil : Trouvez un producteur qui croit en votre projet et pourra le défendre auprès des financeurs.
Mal définir la répartition des droits
Ne pas définir clairement la répartition des droits entre auteurs, producteurs et coproducteurs (ou ne pas les anticiper) risque de bloquer les contrats ou décourager les partenaires.
Conseil : Encadrez les relations contractuelles dès le début (contrat d’auteur, cession de droits, etc.).
Solliciter tous les financements en même temps
Une certaine logique et stratégie doit être respectée. L’obtention d’aides comme celles à l’écriture ou au développement sont prioritaires.
Conseil : Élaborez un calendrier de demandes en respectant l’ordre logique des étapes du projet.
Ne pas s’adresser aux bons financeurs
Chaque type de film nécessite de s’adresser à des financeurs ciblés. Tout financeur possède en effet ses critères éditoriaux. À titre d’exemple, proposer un film intimiste en noir et blanc à une chaîne commerciale grand public se révèlera une lourde erreur.
Conseil : Ciblez les financeurs en fonction du genre du film, du thème, du format, du public visé.
Ignorer le financement en coproduction
Penser uniquement au niveau local ou national risque de vous priver de précieux financements. En effet de nombreux projets se financent à l’étranger via des coproductions européennes, des aides francophonie, etc.).
Conseil : Ouvrez-vous à des partenariats internationaux si le sujet ou l’équipe s’y prête.
Sous-estimer la communication autour du projet
Il est déconseillé d’attendre que le film soit tourné pour parler du projet. Les financeurs sont davantage enclins à soutenir un projet vivant, visible, qui crée déjà une audience.
Conseil : Créez un teaser, un site ou une présence sur les réseaux, notamment pour un soutien financier sollicité via le crowdfunding.