S'inscrire Voir la vidéo

Rencontre avec Alexis Cuzon, réalisateur du film de fin d'études Valitchka

  • campus Nantes
  • thème Actu école
  • date 13.04.2022

Alexis Cuzon est étudiant en dernière année à Nantes et le réalisateur du film de fin d’études « Valitchka ». A travers ce film, il raconte l’histoire de sa grand-mère, pendant la Seconde Guerre Mondiale. L’histoire d’une brève amitié entre sa grand-mère ukrainienne et un soldat allemand, qu’il a voulu porter sur grand écran.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Alexis Cuzon. J’ai quasiment toujours vécu à Nantes. J’ai grandi dans une famille où la pratique artistique a toujours été présente : mes parents sont musiciens, mon frère travaille dans l’Entertainment, mon grand-père écrivait et dessinait…

J’ai commencé à m’intéresser au cinéma au collège, en regardant le film Interstellar de Christopher Nolan. A l’époque, je voulais être astronaute mais je n’étais pas très fort dans les matières scientifiques… je me suis dit que finalement c’était le cinéma qui allait me permettre de vivre mes rêves. J’ai vu ensuite le film Lalaland. J’ai toujours aimé le cinéma américain et pour être allé plusieurs fois aux Etats-Unis, leur culture et leur cinéma sont pour moi ma première source d’inspiration. Depuis, je suis curieux de cinéma de tous pays : français, allemand, russe…

« Valitchka » raconte un passage de la vie de ta grand-mère. Pourquoi avoir eu envie de raconter cette histoire ?

En 2002, ma tante a écrit un récit basé sur la jeunesse de ma grand-mère. C’est un roman, qu’elle n’a pas publié mais que j’ai lu il y a un peu plus d’un an. Dès que je l’ai lu, je me suis dit que c’était une histoire que je voulais retranscrire en film, et tout d’abord en court métrage via le Film de fin d’études.

L’extrait que je raconte dans Valitchka est le passage qui m’a le plus touché du récit. L’histoire a lieu en 1941, à l’est de l’Ukraine. Ma grand-mère Valitchka et sa mère Vera étaient en train de marcher à la recherche de leur famille qu’elles n’avaient pas vue depuis des semaines. Un soir, à la recherche d’un refuge pour la nuit, elles rencontrèrent une unité de soldats allemands. Au début apeurées, elles créèrent le temps d’une nuit une amitié brève mais sincère avec l’un des soldats allemands.

C’est cet événement particulier qui m’a surtout marqué. C’est une histoire totalement adaptable sous le format d’un court-métrage, qui transmet de nombreuses valeurs qui me sont chères. C’est un film humaniste, un moment où la force et l’émotion d’une petite histoire bouleversent notre appréhension de l’Histoire avec un grand H.

Pour ce film, tu as cherché des acteurs bilingues. Pourquoi ?

Parler en russe et en allemand était pour moi évident. Tous les films que je regarde sont en langue originelle, c’est important pour moi de suivre la même logique.

Je souhaitais coller le plus à la réalité. J’avais vraiment envie de retransmettre les images que j’avais visualisées pendant le récit, qui m’ont transporté dans la réalité de l’époque. D’où le besoin d’avoir des acteurs allemands en costume de la Wehrmacht, avec un camion menaçant et imposant, et un vrai soucis du détail dans les costumes mais aussi dans les dialogues. Pour moi, pour faire un film avec cette ambition-là, il est important d’aller jusqu’au bout.

Alexis Cuzon

Tu dois gérer une grande équipe, comment cela se passe-t-il ?

La réalisation me passionne et est pour moi la meilleure manière de m’exprimer. J’ai été réalisateur pour le A la manière de l’année dernière, sur Lalaland justement, qui m’a permis de faire le lien avec le film qui m’avait donné envie de faire du cinéma il y a quelques années.

En réalité, c’est le poste qui me correspond le plus, dans lequel je me sens le mieux. J’ai occupé plusieurs fois le poste de Directeur de la photographie, donc j’ai déjà travaillé avec une équipe, ça m’a beaucoup aidé. J’aime beaucoup travailler l’image et l’esthétique général du film, donc toutes ces expériences acquises à l’école, dans mes projets en-dehors et pendant les stages me servent beaucoup aujourd’hui. Je suis plus serein à l’idée de travailler en équipe. J’ai une chouette équipe et j’ai de la chance. J’ai hâte.

Quelles sont tes références ?

Beaucoup de films nous ont inspirés pour ce film. Je peux citer Schindler’s List de Spielberg (1993), Saving Private Ryan de Spielberg aussi (1998), The Thin Red Line de Terrence Malick (1998), pour les références américaines. Aussi des références anglaises avec 1917 de Sam Mendes (2019) ou encore russes avec Battle For Honor de Kott (2010) ou Requiem pour un massacre de Klimov (1987).

Nous souhaitions au début tourner le film sur pellicule. Finalement, nous restons sur du numérique mais avec une esthétique forte et marquée, avec un contraste et un grain très présents pour rappeler la dureté de la guerre.

Que ressens-tu à l’idée de réaliser un film sur ta famille ?

C’est beaucoup d’émotions, que ce soit de la mélancolie, de la joie et de l’excitation. J’ai un lien très particulier avec ma famille, nous sommes tous très proches. En plus, ma grand-mère nous a quittés il y a deux ans pendant la période Covid. C’est aussi une façon de lui rendre hommage. Je n’ai pas eu l’occasion de lui poser toutes mes questions. J’ai beaucoup parlé avec ma mère et ma tante à propos de l’histoire de ma grand-mère. Je n’ai vu qu’une photo de mon arrière-grand-mère, Vera, dans ma vie. J’ai donc découvert pleins de choses sur elle en lisant le récit de ma tante et en travaillant sur ce film. Ma famille attend le jour où ils pourront tous venir voir le film. Voir ce récit prendre vie et être partagé aux gens c’est quelque chose de très touchant et de très fort pour nous tous. Ça nous lie encore plus.

Je suis très heureux de réaliser ce film, en plus cela vient clôturer mes études et va me permettre de me lancer concrètement avec tous mes amis de l’école dans cet univers professionnel. C’est une opportunité énorme.

Suivre l’équipe du film sur les réseaux sociaux > Facebook, Instagram