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Rencontre avec Géraud Mottais, digital compositor, diplômé en 2020

  • thème Rencontres
  • date 25.08.2022

Géraud Mottais, diplômé en 2020 à CinéCréatis à Nantes, travaille depuis dans la post-production chez Digital District. Dernièrement, il a travaillé sur le clip Fils de joie de l’artiste belge Stromae. Retour sur son expérience post-diplôme et sur ses dernières créations.

Peux-tu nous présenter ton parcours depuis la fin de ta formation ?

Au moment où je suis sorti de l’école, globalement l’industrie traversait un creux dû au Covid, donc j’ai été quelques mois en recherche. J’ai été contacté en décembre 2020 par un post-producteur VFX avec qui j’avais travaillé en stage entre ma deuxième et troisième année au studio Mac Guff à Paris, il était depuis allé chez Digital District et cherchait des graphistes pour travailler sur des longs-métrages. J’ai commencé à travailler chez eux début janvier 2021 et j’y suis resté 3 mois. J’ai ensuite travaillé quelque jours au studio Digiteyes sur le film Varsovie 83, une affaire d’Etat, puis je suis allé chez Mathematic pendant quelques semaines pour travailler sur le clip My Own Monster de X-Ambassador et une publicité. Digital District m’a ensuite rappelé pour travailler sur le trailer du jeu vidéo Humankind, les projets se sont ensuite enchainés et j’y suis depuis bientôt un an.

Etudiant Alumni Cinécréatis

Crédit photo : Nicolas Rigaud

Tu travailles chez Digital District. Peux-tu nous parler un peu de ton poste et de tes missions ?

Je suis digital compositor, c’est un poste très spécialisé mais qui en même temps englobe beaucoup de choses. On est à la fin de la chaine de production d’un plan truqué. Notre rôle est de récupérer tous les éléments qui ont été tournés, créés numériquement en 3d ou en 2d, et de les assembler pour fabriquer l’image finale. Ça peut-être quelque chose de très basique, comme effacer un micro que l’on aperçoit à l’image, ou relativement complexe, comme intégrer un acteur dans un environnement entièrement numérique. Le but étant de créer l’image la plus réaliste possible tout en respectant les choix du/de la réalisateur/trice. Pour prendre un exemple parlant, c’est nous qui nous chargeons de remplacer les fonds bleus ou verts que l’on peut voir dans les making-of. On peut également être chargé de développer et proposer l’esthétique d’un plan ou d’une séquence, pour que l’image corresponde à ce que le/la réalisateur/trice veut raconter.

Peux-tu nous parler des anciens clips, spots de publicité, films… sur lesquels tu as travaillé ?

J’ai principalement travaillé sur de la fiction. Dans les projets terminés, en plus des projets cités plus haut, il y a Le loup et le lion, Les bodins, Je te veux moi non plusLa Abuela, Les Folies Fermières, Coupez !Burning Days, et la série Netflix Drôle. Il y a également Les Liaisons Dangereuses 2.0 qui arrivent cet été sur Netflix, ainsi que trois autres films et une série historique pour lesquels je n’ai pas encore de dates.

Tu as travaillé sur le dernier clip de Stromae, Fils de joie, quel a été ton rôle ? Quels étaient les enjeux de ce clip ?

Pour Fils de joie c’était un peu particulier, car je n’étais pas dans l’équipe originelle, je suis arrivé en cours de projet et je n’ai travaillé dessus que quelques jours. Le projet était très ambitieux de par la quantité de retouches à faire et le nombre de plans à truquer. Dans ce clip on voit Stromae faire un discours devant un foule immense et une parade type militaire. 500 figurants étaient présents sur le tournage ce qui fait beaucoup de monde à gérer, mais parait assez peu à l’image. On a donc rajouté de la foule numériquement. Il y avait également cette immense statue au milieu du parc qui est rajoutée en 3D et le haut de l’arcade devant laquelle se trouve l’estrade a été changé également. Il y a également eu un certain nombre d’éléments techniques et de techniciens présents à l’image qui ont été effacés.

Je me suis principalement occupé d’intégrer la foule numérique dans le parc, faire en sorte que les personnes en 3D se fondent autant que possible avec les figurants réels. Le fait d’avoir un certain nombre de personnes déjà présentes à l’image donnait un bon point de départ pour savoir à quoi cela devait ressembler. On s’est également appuyé sur des images de références de grande foule prises dans des festivals ou des investitures présidentielles pour correspondre le plus possible à la réalité. Une fois que le résultat nous convenait, il a fallu le décliner sur tous les autres plans du clip et s’assurer que le tout restait cohérent. Le superviseur VFX récupérait nos plans et les retravaillait sur Flame pour harmoniser le tout. Je me suis également occupé de deux plans où les prostituées déposent le cercueil à l’intérieur de la statue. Des plans que l’on pourrait considérer comme typique pour du compositing, car la statue n’existant pas, les figurantes ont été filmées en plein air et il a fallu les intégrer dans la statue 3D.

Avant

Plan foule avant intervention de Géraud

Apres

Plan foule après intervention de Géraud

Que préfères-tu dans ton travail ?

Je trouve que la post-production permet vraiment de rentrer dans les secrets et les rouages de l’audiovisuel, comprendre comment l’image est créée. Il y a quelque chose de très satisfaisant de partir de l’image tournée brute pour finir sur l’image qui sera vue par le spectateur, avec la possibilité de dépasser complètement les limites du monde réel. Le compositing amène également tout un tas de challenges à résoudre et c’est ce qui consiste, pour moi, un des piliers du métier, principalement de la résolution de problèmes artistiques et techniques.

 

Regardez la vidéo making of du clip de Stromae sur lequel Géraud a travaillé  : https://www.youtube.com/watch?v=e80eF804lNg