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Retour sur la conférence du réalisateur Patrice Leconte

  • thème Rencontres
  • date 26.03.2017

Réalisateur au sens de l’’humour subtil et pince sans rire, à la répartie vive et non sans une certaine malice, Patrice Leconte nous amusa autant qu’’il nous fascina.

Il commença par brièvement expliquer ce qui l’a amené à faire du cinéma.

 

« J’ai toujours voulu faire des films. Je suis monté à Paris et ai passé un concours à L’IDHEC. J’ai été reçu 5ème sur 6ème. »  Sa visite au « Festival du court-métrage » de Tours a été cruciale. La projection de films de cinéaste tel que Roman Polanski lui a « ouvert les yeux ».

« Il n’y a pas de questions idiotes, ne vous privez de rien. Je ne suis pas la reine d’Angleterre ! », lâche-t-il aux élèves en tout début de conférence. A partir de ce moment, les questions fusent : « Avez-vous écrit tous vos films ? »  « Quelle relation entretenez-vous avec les acteurs ? », « Quel fut le film le plus éprouvant à réaliser ? », « Comment avez-vous vécu le succès ? » ….

Il répondit à toutes les questions des plus techniques, de la conception à la réalisation d’un film à celles touchant davantage à son ressenti, toujours avec cette même espièglerie et beaucoup de modestie,  nous donnant l’impression qu’avec un peu d’audace  et du talent, « aucun rêve n’est impossible ». Un ami lui dit cette phrase un jour : « Dis-toi bien que quoi qu’on ait à vivre, un jour ou l’autre, ce sera derrière nous ».

Patrice Leconte a remonté le temps jusqu’à son premier film, « Les Vécés étaient fermés de l’intérieur », avec Jean Rochefort et Coluche. Un tournage infernal selon Patrice Leconte ; « J’y allais à reculons ».

Un jour Jean Rochefort lui a dit, « Patrice, ne me parle plus. Je suis anéanti d’avoir accepté de faire ce film ». L’échec de ce premier film fut ressenti comme une « honte » pour Patrice Leconte. En revanche, il accueille le succès avec cette joie éphémère que cela procure ; « J’ai toujours conscience que le cinéma est quelque chose de fragile. Le succès rend de bonne humeur ».

Après des mois de remise en question sur ce métier, ses amis de la troupe du « Splendide » lui ont proposé de tourner leur premier film adapté de leur pièce de théâtre « Amours, coquillages et crustacés », énorme succès populaire, presque qu’un rite cinématographique, le premier film de la série « Les Bronzés » sorti en 1978 marqua un tournant dans la vie de Patrice Leconte. Il rêve d’ailleurs de faire un Bronzé 4. Il imagine bien les personnages principaux dans quelques années en petits vieux acariâtres enfermés dans une maison de retraite et réglant leur compte à coup de déambulateur.

Une complicité dans la vie s’est créée entre les acteurs et Patrice. « J’aime beaucoup les acteurs. Le fait de cadrer moi-même implique qu’il n’y a pas d’intermédiaire entre les acteurs et moi. C’est comme dans la vie. Quand vous aimez les gens, ils vous donnent le meilleur. Les acteurs ne sont ni des ennemis, ni des marionnettes ». Certains films ont davantage imprégné ses souvenirs ; « La fille sur le pont » en fait partie. Il y avait « une petite magie » sur le tournage.

En revanche, il n’évoque pas tous ses films avec la même nostalgie… Une admiratrice l’arrêta il y a peu de temps dans la rue et lui affirma ne pas avoir raté un seul de ses films. « Ce n’est pas comme moi », répondit à cela Patrice Leconte.

À la question des projets futurs du réalisateur, il répond qu’il « rêve confusément un jour de faire une comédie musicale. Je rêverais d’être réincarné en cinéaste à Bollywood. Comme ça, je pourrais exaucer mon rêve ! ».

Mais avant Bollywood, Patrice Leconte va co-réaliser un film avec sa fille Marie cet été dans lequel il sera uniquement cadreur.

Pour clore la conférence, Patrice Leconte invite fortement les élèves à aller voir le film danois  « Les Oubliés » qu’il a adoré. L’histoire de ces 14 jeunes allemands emprisonnés après la guerre et sommés de déminer les plages l’a beaucoup ému. « J’aime tous les films qui bouleversent, me secouent, me nourrissent intérieurement. Il y a des films qui nous rendent meilleurs. Soyez heureux. Ce n’est pas un métier facile mais c’est un beau métier ».